Approches phénoménologiques des auteurs de violences
Etablissement : Faculté de Droit – Lille et Issy-les-Moulineaux
Langue : Français
Formation(s) dans laquelle/lesquelles le cours apparait :
Période : S2
Cet enseignement permettra d’enrichir deux ordres de réflexions et pratiques : 1) celle des futurs professionnels qui prendront en charge des auteurs de violences, 2) de pouvoir faire des propositions, préconisations et prescriptions d’accompagnement, en incorporant des éléments anthropo-phénoménologiques dans l’offre de changement, à destination des professionnels, judiciaires et socio-judiciaires, sanitaires, éducatifs et des acteurs de la prévention et du soin aux auteurs de violences. Les thèmes abordés sont :
De la criminologie à la clinique criminologique d’inspiration phénoménologique et existentielle : enjeux épistémologiques, méthodologiques, cliniques et éthiques
Résister à la simplification criminelle
L’attitude clinique du criminologue et ses conséquences
Une criminologie des processus : l’Homme en situation
Phénoménologie de l’intersubjectivité et de ses inflexions
L’analyse phénoménologique et existentielle
Crise et existence. Le passage à l’acte : paradigme de la crise
Des mises en situation cliniques stratégiques
De nouvelles voies d’accès aux problèmes que pose la violence se dessine à partir de la phénoménologie de l’intersubjectivité, sous ses différents aspects (constitution et reconnaissance d’autrui, constitution de l’être-ensemble et son éventuel manipulation) ainsi qu’à partir de l’herméneutique (le rapport au tacite, présignifié, préjugés ou l’implicite dans tous savoirs).
Nous proposerons ainsi de questionner les conditions de possibilité de ces violences en prenant pour point de départ les impasses, complexités, violations de ces codes de l’intersubjectivité, telle que les différentes expressions de violences les mettent en scène. Ainsi posé, dans cette investigation phénoménologique des différentes formes de négation de l’altérité, nous procéderons ici à une véritable analyse phénoméno-structurale de la relation d’agression afin d’explorer les dimensions existentielles (les modes d’être) de la subjectivité propres aux auteurs de violences. Il s’agira de questionner ici ce que l’auteur de violence peut nous apprendre du rapport qu’il entretient avec autrui, avec le temps, l’espace, la corporéité, l’affectivité.
Un deuxième axe de travail se proposera de contextualiser les enjeux du soin des auteurs de violence sous contrainte, en appui avec les apports anthropo-phénoménologiques et existentiels. Il sera ainsi proposé une réflexion, en appui sur une pratique clinique auprès d’auteurs de violences sexuelles (adultes et adolescents) condamnés à un traitement psychothérapeutique, sur les conditions éthiques de l’exercice du mandat judiciaire de soin. L’objectif sera de proposer une réflexion critique sur l’approche des dispositifs de traitement des violences à travers une analyse éthico-politique. Nous poserons alors la question de savoir si la philosophie juridique vient ou non toucher aux fondements anthropologiques et éthiques que défend la pratique clinique. A haute échelle, les écarts se creusent-ils entre prescriptions politiques, mises en application pénale et perspectives du soin ? Il s’agit de pouvoir interroger dans quelles conditions le mandat judiciaire peut-il délimiter un espace au sein duquel se déploie une offre de soin susceptible de soutenir l’émergence d’une expérience d’altérité. Nous tenterons ainsi de répondre à cette question centrale : quelles peuvent être les modalités de création des issues aux impasses de l’intersubjectivité pour l’auteur de violence ?