Art, Littérature et Crime

Etablissement : Faculté de Droit – Lille et Issy-les-Moulineaux

Langue : Français

Période : S2

Lecture des oeuvres du corpus.


Corpus : Sophocle, Œdipe-roi ; Jean Cocteau, La Machine infernale, 1934 ; Jean Anouilh, Œdipe ou le roi boiteux, 1972 ; Victor Hugo, Claude Gueux, 1834 ; Emile Zola, Thérèse Raquin, 1867 ; Albert Camus, L’étranger, 1942.

Acquérir un champ de connaissances général et transculturel sur la représentation littéraire du crime de l’Antiquité à nos jours ;


Savoir formuler et interroger les enjeux littéraires et philosophiques que pose la mise en récit du « crime » (voir les thèmes abordés)


Analyser des textes littéraires, tant au niveau du contenu que de la forme, grâce à un certain nombre d’outils en narratologie et théorie littéraire ;


Mettre en rapport les textes littéraires tout en tenant compte de l’environnement culturel de leur production ;


Être capable de construire un raisonnement complexe et correctement articulé sur toute problématique en lien avec l’objet du cours : « crime et littérature ».


Problématique générale :


Ce cours étudie et questionne la représentation du crime dans les textes littéraires de l’antiquité à nos jours, tout en invitant à une réflexion sur les savoirs produits et véhiculés par la littérature sur l’objet « crime ».


L’intitulé « Crime et littérature » nous engage non seulement à dresser une typologie du crime à travers la littérature, mais encore à nous interroger sur les liens que « crime » et « littérature » entretiennent l’un l’autre depuis que la littérature existe. Quels sont les crimes représentés dans la littérature ? Comment sont-ils fictionnalisés et narrativisés ? Dans quel champ socio-culturel s’inscrivent-ils ? Quelles connaissances, quels savoirs, quelles réflexions sur le crime, la littérature est-elle en mesure de nous apporter ? En quoi littérature et crime sont-ils parties liées ?


Afin de répondre à ses diverses interrogations, deux approches concomitantes se superposeront. La première, descriptive et narratologique, nous amènera à étudier la manière dont les textes littéraires dépeignent le crime selon des univers sociaux-culturels distincts. Le seconde, épistémologique, nous conduira à examiner l’articulation entre ces deux catégories, « crime » et « littérature », en tant que constructions de pensée.


L’approche descriptive


Pour mener à bien cette approche que nous souhaitons comparative et transculturelle, nous effectuerons une analyse diachronique des fictions littéraires. Celle-ci se déclinera en trois objets d’étude :


– le crime et les mythes fondateurs dans l’Antiquité grecque


– le récit réaliste, essai de physiologie du criminel au XIXème siècle


– le crime, questionnement existentiel d’une société (post-)moderne


Ces trois entrées nous permettront d’interroger la notion de « crime » à travers l’histoire littéraire et de mettre en évidence les spécificités culturelles propres à chaque texte et à chaque société qui l’environne. Le crime d’hier n’est pas le crime d’aujourd’hui : d’une société à l’autre, d’une culture à l’autre, l’objet « crime » évolue en même temps que sa mise en récit et son énonciation se modifient : le crime ne se raconte pas de la même façon dans les textes antiques et modernes. Tout texte, comme tout crime, est une construction à décoder à partir de son environnement, mais aussi à partir de lui-même, c’est-à-dire à partir des signes et indices qui le constituent. A ce titre, les choix narratifs et structurels en matière d’écriture participent à construire non seulement un savoir sur le crime, mais encore l’objet « crime » lui-même, ce qui nous amène à notre seconde approche. Et si, le crime était avant tout, non un acte, mais un récit ?


L’approche épistémologique


Il ne s’agit plus de penser le crime en tant que représentation, mais en tant que processus et modalité de connaissance : qu’est-ce que le crime produit comme sens ? Quel lien noue-t-il avec la littérature ? Qui dit « crime » dit de façon presque évidente « récit » ou encore « mythe », tant le crime outre le réel pour entrer dans la fiction, et tant il exige par lui-même narrativisation et ordonnancement – d’où l’intérêt d’ailleurs des lecteurs et des écrivains pour la rubrique des faits divers (ce dernier étant déjà un mini récit) dans la presse quotidienne. Si la littérature s’intéresse au crime, n’est-ce pas au fond parce qu’elle se constitue comme art heuristique – ou art de l’énigme – interrogeant le lecteur sur sa propre identité ? Nommer le mal, autrement dit nommer l’innommable ou formuler l’informulable, reviendrait alors à poser l’homme en tant qu’énigme. Comment l’homme existe-t-il dans et à travers le crime ? Que nous révèle son récit criminel sur sa propre condition ? Enfin, l’homme existe-t-il sans le crime ?


Pour répondre à ces questions de façon la plus cohérente possible, nous suivrons tout au long de notre exploration un fil rouge qui sera élaboré au